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  • Photo du rédacteurSimoon

Road trip en Écosse (2/6) : Trossachs

Dernière mise à jour : 12 janv. 2020

Edimbourg sous un ciel bleu à tout pour plaire. Mais l'appel de la nature conjugué à l'envie de fuir les touristes nous a rendu heureux de reprendre le volant. Le cap à suivre sera l'ouest, et la destination :


LOCH LOMOND & THE TROSSACHS NATIONAL PARK


Ce parc est composé d'une vallée boisée (Trossachs) et parsemée de lochs. Un soleil radieux nous accompagnant, les reflets des couleurs forestières et de l'azur céleste donnent l'impression de plonger dans une carte postale des Rocheuses américaines.


Vous pouvez consulter l'article de Fabrice sur son site : Camionnet'Party.



Loch Reoidhte

Loch Drunkie



Mais jusqu'à présent, nous n'avons pas trop ébruité la fin du trajet de cette journée. Car si le voyage depuis Édimbourg s'était déroulé sans encombre... Enfin juste quelques bouchons, des réorientations pour les éviter, une tentative de recherche de laverie qui aboutit sur un échec... Bref si tout s'est bien passé, il n'allait pas en être de même pour trouver notre campement.


Permis de camping

En effet, le campement dans ce parc est réglementé : il est obligatoire d'acheter un permis de camping. Ce permis concerne le lieu de l'emplacement et les nuités que l'on choisit lors de la réservation.


Pas de problème pour les permis, je les avais acquis bien à l'avance pour nos véhicules respectifs. Le site Internet de réservation avertit bien qu'il ne faut pas suivre les indications des GPS. Je pensais initialement que la cause est l'absence de signal dans cette région. Mais en réalité, le motif concerne les sens de circulation inconnus des appareils sur les routes forestières. Or je ne m'étais pas préparé à ce détail.


Après avoir parcouru les routes sinueuses du parc, nous nous approchons du Loch Achray, près duquel nous devions passer la nuit. Problème : nous nous sommes retrouvés sur l'autre rive car aucune route ne permettait de bifurquer sur la gauche en arrivant... Et pourtant, j'ai beau regarder et re-regarder la carte, il devrait bel et bien y avoir une route ! J'épargne à Fabrice de lourdes manœuvres avec sa camionnette en lui conseillant de m'attendre sur un parking, tandis que je pars en éclaireur en rebroussant chemin, à la recherche de cette route cachée. Je discerne enfin un passage qui ressemble à une voie privée : je l'emprunte, mais 50 mètres à peine me suffisent pour me retrouver nez à nez avec un panneau sens interdit.

Grrrr... Il s'agit pourtant de la fameuse route et le campement est là à moins de deux kilomètres ! Mais non, interdit ! Me voilà donc reparti récupérer Fabrice au passage pour contourner le Loch et rallonger de quatre kilomètres. Bon ce n'est pas tant que ça, mais c'est que je me voyais déjà abandonner le volant pour randonner parmi les grands sapins.


Une fois le loch contourné, nous rencontrons une intersection : un chemin en terre battue plonge vers le loch. Ce chemin est facilement identifiable sur la carte, et devrait nous amener rapidement au campement. Nous l'empruntons tout en essayant d'éviter les nids de poules, et descendons sur un peu moins d'un kilomètre. Je me réjouis à apercevoir des installations sanitaires et autres bâtiments pour campeurs, jusqu'à... Tomber de nouveau sur ce truc :

Mince alors ! Le campement est juste ici, à une centaine de mètres, et nous voilà de nouveau empêché par la signalétique ! Si près du but !


J'entrevois la possibilité de parcourir la courte distance en marche arrière sur le chemin forestier, mais deux choses me retiennent d'exécuter ce plan :

1) Il n'est pas évident pour le conducteur de la camionnette de faire une marche arrière sur une centaine de mètres et sur un chemin étroit et zigzaguant ;

2) Un ranger nous surveille discrètement du coin de l’œil depuis l'une des installations pour campeurs.


Hum... Puisqu'il est ici, pourquoi ne pas lui demander de nous aider ? Peut-être même nous permettra-t-il de franchir le panneau pour quelques pauvres petits mètres de rien du tout en sens interdit...


Nous l'interpellons donc, et malgré sa carrure imposante de rugbyman, une gentillesse et une sympathie se dégage de ce scottish ranger dont la voix ô combien gutturale ferait pâlir de jalousie une guitare basse. Nous demandons nos chemins en exhibant l'emplacement indiqué sur nos permis. Il les consulte attentivement, et là... Le voilà embarrassé. Le premier mot de sa réponse qui résonne encore et toujours dans ma tête est : "Unfortunately..."

Aïe.

Il nous confirme que notre campement est juste là, ici, à 100 mètres... MAIS ! Que pour y accéder, il nous faut reprendre nos véhicules et faire TOOOOOUUUUUUUT le tour du circuit prévu, soit la bagatelle de... 14 km de chemins forestiers à 20km/h assortis d'évitements de nids de poule !

Arrrgggh... C'est que mine de rien on vient d'Édimbourg, et reprendre nos véhicules sur une telle distance et avec un tel revêtement ne nous enchante guerre. Pardon "guère".

Mais bon ce type avait l'air tellement gentil et désolé que nous n'avions pas la force de protester. Et pas la force tout court vue sa carrure.


Sauf que Simoon The Raccoon à plus d'un tour dans son sac. Enfin, il CROIT avoir plus d'un tour dans un sac, ce gros malin. Car en jetant un coup d’œil sur la carte, il s'aperçoit qu'il existe d'autres chemins qui permettraient de raccourcir sacrément le trajet. Il vend donc le projet suivant à son copain Fab The Fox : on laisse la camionnette sur place, et l'on part faire du repérage avec la légère tenting'car. Affaire entendue, hop, on remonte jusqu'à la première intersection, et ça tombe bien : une route forestière part sur la gauche direction le campement.


La route forestière

Oh, il y a bien une barrière, mais elle est grande ouverte ! Innocemment (il faut nous imaginer avec une auréole flottant au-dessus de nos têtes) nous nous engageons sur ce chemin. Et nous roulons jusqu'à intercepter la route forestière principale.

Et nous roulons...

Et nous roulons...

Pas de signe de civilisation. Ah si là, une voiture de ranger sur le bord du chemin ; il doit être un train de couper du bois... Et nous continuons de rouler. Nous apercevons effectivement la route principale sur notre droite, mais rien à faire, notre chemin ne veut pas la croiser.

Et nous roulons...

Et nous roulons...

SAUF QUE ! Vous vous souvenez de la voiture du ranger que nous avons dépassée ? Éh bien sans nous en rendre compte, notre passage n'a pas échappé au fonctionnaire qui, à son tour, a sauté dans le véhicule pour nous harponner. Ainsi s'est amorcée une course poursuite à notre insu, entre les forces écossaises d'une part et les fugitifs français de l'autre...


Bon à force de rouler, au bout d'un moment, nous nous sommes arrêtés pour faire le point. Mais où sommes-nous donc ??? Et à ce moment : "TOC-TOC-TOC !" Fatalement, le ranger a fini par nous rattraper et le voilà qui toque à la vitre, ce qui n'a pas manquer de nous faire sursauter.


Ranger : "It's a private road!"

Nous : "Ah !? Oh... Euh... Sorry."

Ranger : "You have to turn back!"

Nous : "ok"


Et voilà où mènent les idées d'un raton laveur. Il nous a fallu TOOOOUUUUUT remonter, le ranger nous suivant jusqu'au bout de la route, et prenant bien soin se fermer la barrière après que nous ayons quitté cette partie du chemin.


Bon. Il faut s'y résoudre : on va les faire ces 14 km.


Nous récupérons la camionnette qui s'est sagement passée de cette péripétie inutile, re-grimpons le kilomètre de chemin poussiéreux jusqu'à la route. Nous parcourons quatre kilomètres sur cette dernière puis empruntons de nouveau une route forestière. Cette fois, c'est la bonne. Nous sommes dans le bon sens ! Et c'est parti pour une dizaine de kilomètres à 20 km/h sur une route poussiéreuse. Heureusement que les paysages sont beaux ! Car on commence à en avoir un peu marre, et pour ne rien arranger, un cardan de la camionnette souffre le martyre sur la route quelque peu chaotique.

Route fatigante, mais beau cadre !

Le chemin n'en termine pas ! À tel point que j'impose une pause pour prendre des nouvelles de Fabrice, qui galère au volant du Traffic. Sur le parking, une autre voiture de rangers. La conductrice sort, se dirige vers nous et nous interpelle en français :


"Bonjour, je suis gardien du Parc National. Puis-je vous aider ?"


Amicalement, elle prend des nouvelles, s'interroge sur cette curiosité qu'est la tente de toit, demande d'où l'on vient, et surtout à quel emplacement nous allons. Après avoir consulté nos permis, elle nous annonce que le campement n'est plus très loin et qu'elle peut nous escorter. Super ! Chose dite chose faite, nous reprenons la route...

Et nous roulons...

Et nous roulons...


Enfin nous arrivons au campement. Ouarf ! Il était temps, nous en avons plein la tête. Tandis que le ranger francophone sort de son véhicule, nous présente le site et papote un peu, sa collègue, passagère du véhicule, tapote sur un ordinateur portable. Jusqu'à sortir de son silence : elle interrompt sa collègue, et une discussion sérieuse s'établit entre les deux fonctionnaires, tout en consultant de nouveau nos permis. Et d'un air grave, le ranger francophone nous annonce :

"Il y a un problème. Vous n'êtes pas inscrits pour aujourd'hui. Vos permis datent d'hier".


QUUUOOOOOIIIIIII ??? Me suis-je écrié dans ma tête qui m'est personnelle.


Et pourtant, elle a raison ! Les dates sont décalées d'un jour. Comment ai-je pu me tromper dans les dates ? J'ai vérifié une dizaine de fois avant de réserver !


Constatant notre désarroi, notre amie ranger téléphone au central, et je crois que nous avons eu le meilleur avocat du monde.


"It's a terrible mistake! (...) They come from Edinburgh! Poor guys...".


Au bout de deux minutes d'appel, sourire aux lèvres, elle nous annonce que c'est bon, de nouveaux permis sont édités pour nous, nous pourrons dormir dans le parc. Mais... (suspens)... Notre campement actuel est réservé, par des gens qui, j'imagine, ne ce sont certainement pas trompés dans les dates, eux. Du coup, notre nouvel emplacement sera... TOOOOOOOUUUUUUT au début du chemin forestier ! Il nous faut donc TOOOOUUUUT remonter... Arrrrrrrggggggghhhhhhhhhhh...


Bon. Du calme. Merci beaucoup aux rangers qui sont hyper sympas et très patients avec nous (je devrais dire "avec moi" pour laisser Fabrice en-dehors de mes bourdes). Allez, on souffle un coup, et hop c'est reparti, nous re-re-regrimpons le chemin dans le sens inverses des aiguilles d'une montre pour respecter la signalétique. Mais... Attends un moment... En rentrant de nouveau dans le parc par l'entrée, et sachant que le sens de circulation ne se fait que dans un sens... Cela signifie que nous devrons de nouveau re-parcourir tout le circuit demain matin ???


Chaque chose en son temps, nous arrivons enfin à destination, nous nous installons, nous faisons une agréable promenade pour prendre un bon bol d'air.


Vue de ma chambre, une fois l'installation complète

Et durant le repas, nous mettons au point un plan pour ne pas avoir à parcourir de nouveau TOOOOOUUUUUTE la route forestière sur une dizaine de kilomètres. Nous optons pour un plan simple :


Notez que "parfois, les gens honnêtes peuvent devenir dangereux"

L'entrée du parc étant à une centaine de mètres derrière nous, nous commettrons le crime de... rouler en sens inverse. L'un après l'autre après avoir fait demi-tour, l'un faisant le guet pendant que l'autre extrait son véhicule de ce circuit infernal.



Et cette fois, le plan fonctionnera. Ouf !















 

Quel résumé pouvons-nous faire de cette fin d'après-midi ?


- Tout d'abord, que nous avons songé à prendre deux sens interdits avant d'arriver ;

- Nous avons emprunté un chemin interdit au public pour trouver un raccourci ;

- Nous avons engagé une course-poursuite avec un ranger dans les forêts des Trossachs ;

- Nous nous sommes pointés à nos emplacements avec des permis périmés ;

- Et pour finir, nous nous sommes enfuis en prenant un sens interdit...


Et après on dit que les français ont mauvaise réputation ? Ce n'est clairement pas mérité...


Enfin, pour nous changer les idées, demain nous partirons sur les traces d'un type qui, de par son honnêteté légendaire, respecte scrupuleusement les lois, les règles et les coutumes, j'ai nommé : James Bond.


Skyfall




Article précédent : Road trip en Écosse : Edinburgh

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